Cinéma d’Attac au Cinéma Arenberg
Jeudi 17 décembre 2009, 21h30
Jeudi 17 décembre 2009
à 21 heures 30, au CINEMA ARENBERG
Le Cinéma d’Attac présente
un formidable acte politique, une comédie burlesque,
une splendide expérimentation plastique, et un film d’amour très fort
Z32
du réalisateur israélien Avi MOGRABI
Z32 est le nom de code d’un ancien soldat de Tsahal.
Coupable de crime de guerre pour avoir participé
à une opération de représailles dans les territoires occupés.
A partir de son témoignage, Avi Mograbi réalise ici un film explosif.
Un film renversant, d’autant plus qu’il est sorti juste après l’offensive sur Gaza. Courageux et tenace, Mograbi ne cède pas un pouce de terrain politique ou artistique face à la machine de mort israélienne. Une démarche hors normes, car elle interroge le cinéma à l’endroit où ça fait mal.
DÈS 20 HEURES 30, LE GRAND DÉBAT :
« GAZA, de l’enfer à l’enfermement… :
un an plus tard, c’est toujours la guerre »
avec les témoignages de militants des droits de l’Homme
qui viennent de visiter récemment les territoires occupés et la bande de Gaza…
dont
Marc ABRAMOWICZ
membre de l’association Pour une paix juste au Moyen-Orient
et Marianne BLUME
ex-professeur de français à l’université Al Azhar de Gaza
ARENBERG
26 Galerie de la Reine
Z32
Israël 2009 Durée : 81 minutes Prix d’entrée unique : 6,2 euros (sauf pour les Article 27)
Attac-Bruxelles 1, 16 avenue Nouvelle à 1040 Bruxelles
Téléphone : 0494 / 808 854 mail : bxl1@attac.be site : http://www.bxl.attac.be/spip/
UN SOLDAT ISRAÉLIEN ORDINAIRE
Il raconte l’attaque, l’excitation. « Ma tête pensait : c’est génial, mon corps fonctionne tout seul, boum-boum, il change de chargeur, insensible comme un robot, et c’est excitant. Autour de moi, on court et c’est le pied, on jubile… On est sous adrénaline, on plane… C’est de vrais tirs de joie. Notre réaction n’est pas "Aïe !" mais "Ouah !" Comme à la fête foraine ».
Le jeune homme, un ancien soldat israélien, est face à la caméra, même si le visage qu’on voit n’est pas le sien, mais une sorte de masque animé où seuls les yeux et la bouche sont à lui. La bouche raconte l’assassinat de deux policiers palestiniens. Les yeux fixent le cinéaste qui l’écoute rapporter, pour la millième fois, et quasi dans les mêmes termes, ce moment d’excitation et de plaisir qui, deux ans après, est devenu un cauchemar.
Z32 est le huitième film de l’Israélien Avi Mograbi. Les précédents (Août, avant l’explosion, 2002, Pour un seul de mes deux yeux, 2005…) sont des docu-fictions, presque toujours des tragicomédies burlesques, et toujours des critiques très dures de la société israélienne. Z32 ne fait pas exception.
A l’origine, il y a l’engagement d’Avi Mograbi dans Shovrim Shtika (« Briser le silence »), un groupe qui recueille les témoignages de soldats ayant servi dans les territoires occupés. S’il a voulu faire quelque chose du témoignage de Z32, c’est qu’il le trouvait particulièrement dérangeant. Le jeune homme raconte la fierté d’appartenir à une unité d’élite, l’entraînement, les mois d’attente, l’envie d’en découdre, jusqu’au moment où est lancée une action de représailles après un attentat qui a tué six Israéliens. Deux policiers palestiniens, qui n’étaient pas impliqués dans l’attentat, sont tués.
PARDON. Dans plusieurs des interviews qu’il a données lors de la sortie de son dernier opus, Mograbi raconte comment il a été frappé par ce que ce très jeune homme (20 ans au moment des faits, à peine plus vieux que son fils aîné) dit du plaisir pris pendant la mission. Mais aussi par le fait que ce garçon en parle encore et encore, recherchant le pardon de tous, de sa petite amie en particulier. Mograbi raconte comment Z32 lui a demandé une caméra pour se filmer lui-même pendant qu’il parlait avec son amie. A un moment, la caméra les cadre tous les deux, ils sont en Inde, il fait très chaud, ils sont par terre, pieds nus. Bien sûr, les visages sont floutés. A un autre moment, ils sont dans un appartement de Tel Aviv. Il lui touche la jambe, le bras, elle le laisse faire. Il la regarde, très tendu, ses yeux clignent nerveusement. « Et toi, tu penses que je suis un assassin ? » Elle ne le regarde pas, elle a les mains très agitées, n’arrête pas de nouer et dénouer le foulard qu’elle a autour du cou. « C’est un meurtre, un meurtre avec préméditation. Ce n’était pas un terroriste. Tu n’as pas tué pour te défendre ».
Dans Z32, on retrouve les leitmotivs de Mograbi, les scènes tournées dans le salon familial, avec la photo panoramique de Tel Aviv sur le mur du fond. Mais cette fois, il y a du monde dans le salon, dix musiciens entassés entre le canapé et la table basse, qui jouent pendant que Mograbi psalmodie des complaintes très « Opéra de quat’sous ». « C’est l’histoire de quelqu’un / d’un soldat / une histoire finie et passée / mais deux ans plus tard / il se souvient / de cette nuit froide où enfin / on lui a dit d’y aller ».
On retrouve aussi la famille : sa femme, son plus jeune fils, son chien qui essaient d’échapper à la caméra. Comme d’habitude, Mograbi se met en scène dans le rôle du brave type, un peu dépressif, un peu ridicule, qui aimerait faire participer sa famille, mais qui n’y arrive pas. Avi, le personnage, parle de « ma femme », un peu comme l’inspecteur Colombo. Et, comme d’habitude, « ma femme », nous dit Avi, désapprouve. « Ma femme me demande de ne pas / filmer ici au salon / Elle dit : / C’est pas un sujet pour un film ! / C’est une sale histoire / même pas une chansonnette à quatre sous ! ».
« TACHE ». Pourquoi le cinéaste a-t-il introduit ces chansons ? « Après coup, on voit les références à Brecht et au théâtre antique où le chœur exprime ce que le personnage ne peut pas exprimer, mais ça n’était pas conscient au départ ». La dernière chanson du film dit : « Et le voilà qui se tourmente / au moins ça le tourmente / d’avoir réduit un homme à une tache / d’avoir tiré à bout portant / et il a pris du plaisir / et le voilà qui se tourmente / d’avoir éprouvé du plaisir ».
Z32 et son amie se sont séparés après le tournage. Z32 dit que ça n’a rien à voir avec le film.
Jean FLINKER