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Angle Attac (mars 2004) / 5-12 : Après Mumbaï 2004 : que faire ... ensemble et maintenant ?

Glogalisons la lutte, Globalisons l’espérance !


Le quatrième Forum Social Mondial (FSM), et le premier à se tenir ailleurs qu’à Porto Alegre au Brésil, s’est conclu à Mumbaï (l’ancienne Bombay), en Inde, le 21 janvier dernier, après six jours de discussions intenses, de meetings et de manifestations.

Avec environ le sixième de la population mondiale vivant en Inde (près d’un milliard d’habitants) et avec l’écrasante pauvreté et les inégalités inouïes qui y règnent, Mumbaï était sans doute l’un des endroits les plus appropriés de la planète pour dénoncer la globalisation néolibérale et ses effets dévastateurs sur les pays du Sud, saignés par la dette.

Cette rencontre aura en tout cas permis de marquer une étape dans l’élargissement social et géographique des bases du mouvement alter-mondialiste, attestée par la participation remarquée des organisations de défense des droits des « intouchables - dalits » indiens. Elle a également confirmé sa convergence avec le mouvement anti-guerre, et renforcé les alliances entre les mouvements du Sud et du Nord, qui ont encore récemment marqué la contestation de l’OMC à Cancun en septembre 2003.

Au-delà même des ateliers, conférences et débats (1.2000 au total, allant de quelques dizaines à des milliers de participants), ce 4ème FSM a été un creuset bouillonnant rassemblant près de 150.000 personnes, qui ont pu se retrouver, se confronter et prendre connaissance et conscience de leurs luttes respectives... et des liens qui les unissent. Cette rencontre a permis, une fois de plus, aux mouvements sociaux de la planète entière d’avancer dans la perception du fait que c’est un ennemi commun que chacun retrouve en face de soi, les grandes multinationales, les gouvernements qui par faiblesse ou par contamination idéologique s’y soumettent, et les institutions financières internationales. Dans son discours d’ouverture, l’écrivaine indienne Arundhati Roy donnait le ton en dénonçant « le nouvel impérialisme et le réseau des élites corrompues et brutales qui le servent », en dénonçant la globalisation néolibérale au service des multinationales, en dénonçant le projet hégémonique des Etats-Unis pour un « nouveau siècle américain », en dénonçant les politiques de l’OMC, du FMI, de la Banque mondiale et en appelant à l’unité et à la résistance des peuples du monde. Elle posait aussi la question lancinante de ce FSM : que faire... ensemble et maintenant ?

Que faire... ensemble et maintenant ?

La militante indienne apportait un début de réponse, en invitant à s’opposer à l’échelle globale à cette occupation de l’Irak qui représente à ses yeux « la culmination à la fois du néolibéralisme et de l’impérialisme ».

La journée de mobilisation contre les guerres et les occupations impériales et néolibérales du 20 mars prochain, lancée au Forum Européen de Paris / Saint-Denis en novembre 2003, et reprise dans l’appel des mouvements sociaux adopté en conclusions de ce 4ème FSM, devient donc une nouvelle échéance de mobilisation cruciale, avec la même motivation que celle du 15 février 2003, qui avait rassemblée près d’un million de manifestants à travers le monde . Elle contribuera une nouvelle fois à définir l’identité d’ensemble du mouvement de résistance en faisant de l’opposition à la guerre un de ses facteurs permanents.

Mais cela n’éliminera pas pour autant la difficulté de trouver une traduction concrète aux discussions tenues lors de ce Forum Social. Car, comme le constatait le CA d’Attac-France à la veille de Mumbaï, « les progrès du mouvement alter-mondialiste n’ont pas encore permis d’inverser les tendances : les tenants de la mondialisation néolibérale sont toujours à l’offensive, et les politiques qu’ils imposent durcissent les contours d’un monde inacceptable ». Le risque d’épuisement du mouvement est réel, même si l’opposition à la guerre et au néolibéralisme pénètre toujours plus largement l’opinion publique mondiale.

Le cadre est donc complexe et mouvant. L’autonomie des alter-mondialistes, leur capacité de sortir des rendez-vous généraux (et donc de la logique de l’événement) pour construire, par en-bas, dans des luttes concrètes, une participation plus large en vue de campagnes à long terme, restent l’enjeu décisif. « On ne peut continuer à se réunir, à dénoncer une situation et se séparer jusqu’au prochain Forum. Nous serons bien obligés de définir des engagements de type programmatique, pour bien identifier ce que nous voulons faire. Il faut trouver sans doute le plus petit dénominateur commun pour éviter de faire exploser le processus des forums sociaux, mais faute de rechercher ce dénominateur commun, les Forums risquent de se détruire eux-mêmes » énonçait en guise de conclusions P.K. Murthy, représentant du Comité organisateur indien du FSM.

Les multiples questionnements sur le fonctionnement des Forums Sociaux (et en particulier le rôle des Assemblées des mouvements sociaux, lieux non pas de discussions mais de convergences des luttes et programmes de mobilisation) et le rythme de leur dynamique (d’aucuns demandent un espacement de ces rendez-vous dans le temps, pour les réduire à un rassemblement tous les 2 ou 3 ans), ne fait que traduire ce malaise. Simple crise de croissance pour un mouvement qui n’a finalement (encore) qu’à peine 4 ans ?

Borhane MICHIELS


Le texte de l’appel des mouvements sociaux adopté au 4ème Forum Social Mondial de Mumbaï est disponible, ainsi que de nombreuses autres contributions, sur le site du FSM : www.wsfindia.org

Des reportages quotidiens sur le déroulement sur 4ème FSM sont archivés sur les sites d’Attac-France et du Forum Social de Belgique (www.wsf.be).

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