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samedi 17 mars

Fascisme ou néolibéralisme ? Les femmes peuvent-elles choisir entre la peste ou le choléra ?

Journée Internationale des Femmes 2007

A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes 2007, l’asbl Mouvements de Femmes – 29 rue Blanche analysera, le samedi 17 mars 2007, les dangers que font peser en particulier sur les femmes l’extrême droite et le néolibéralisme.

Outre le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie ou le nationalisme, l’extrême droite véhicule un discours bien moins médiatisé : son antiféminisme exacerbé et ses attaques virulentes contre l’émancipation des femmes, la glorification réductrice de la femme dans ses rôles d’épouse et, surtout, de mère. L’extrême droite est une réelle menace pour les femmes, leurs acquis et leurs droits.


Programme Conférence Samedi 17 mars 2007

14h -
Ouverture de la Journée Internationale des Femmes 2007

- Véronique Thirion, administratrice de l’asbl Mouvements des Femmes 29 rue Blanche
- Edith Rubinstein, administratrice de l’asbl Mouvements des Femmes 29 rue Blanche

14h10 -
L’extrême droite contre les femmes

- Jo de Leeuw, philosophe et militante et coauteure de l’ouvrage "L’extrême droite contre les femmes", éd. Luc Pire, 1995

15h -
Luttes du mouvement féministe contre l’extrême droite

- Mélanie Boulanger, Femmes Prévoyantes Socialistes
- Hafida Bachir, Vie féminine

16h - D’autres résistances : Se souvenir de la 2ème guerre mondiale et du nazisme

- Claire Pahout (Groupe Mémoire)
- Nadia Geerts (asbl RésistanceS)
- Myriam Mottard (secrétaire générale CNAPD "Campagne extrême droite non merci – pour que vive la démocratie")

16h40 - Débat

17h30 - Clôture

17h30 à 18h30 - Repas


Organisation et informations

- Contact : Fotoula Ioannidis
- tél : 02/538.47.73
- Email : rae.29rueblanche@skynet.be
- Adresse : rue Blanche 29 - 1060 Bruxelles (St Gilles)
- Trams : 91-92-93-94 - Métro Louise
- PAF 5 euros - 3 euros (minimexées, chômeuses, étudiantes)

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Les thèmes suivants seront abordés

- Pourquoi et comment les droits des femmes sont-ils mis en péril par l’idéologie de l’extrême droite et du néolibéralisme ?

- Une analyse de l’idéologie de l’extrême droite concernant le statut des femmes.

- Comment est-il possible que ces partis fascistes parviennent à sensibiliser un électorat féminin ?

- Comment les mouvements démocratiques, le mouvement des femmes, les syndicats, la société civile luttent-ils contre l’extrême droite et la droite néolibérale ?

- Quelle est la responsabilité des partis dits démocratiques ?

L’idéologie de l’extrême droite fanatique est le fil conducteur d’une droite qui devient fréquentable, est présente dans de nombreux parlements et qui se répand à travers l’Europe et à travers le monde : le mouvement "Blood and Honour", en Suisse, les "Chevaliers de l’Ordre aryen", en Suède (devenue le centre de l’extrémisme européen), les concerts de musique "White power" touchent le public des jeunes garçons à partir de 14 ans. De même, les groupes de hooligans autour des terrains de football constituent "les bureaux de recrutement" pour ces mouvements fascistes (cf. meurtres racistes en 2006 par des supporters du PSG de Paris).

La Belgique n’est pas épargnée par ce phénomène. C’est ainsi que le 11 mai 2006 à Anvers, Hans van Temsche (un jeune homme proche du Vlaamse Belang) perpétrait sans raison un double crime raciste sur une Africaine et une petite fille et blessait une jeune femme turque. Le 7 septembre 2006, 17 militants belges (dont 11 militaires), membres du mouvement "Blood, Bodem, Eer, Trouw" (Sang, terre, honneur, fidélité) ont été arrêtés.

Bien entendu, une mobilisation doit se faire pour combattre l’extrême droite sous toutes ses formes mais au-delà de sa diabolisation, il est beaucoup plus important et urgent de dénoncer l’ultralibéralisme antisocial dont les partis fascistes ne sont que le prolongement moins démocratique. Certains partis "démocratiques" ne sont que l’anti-chambre de l’extrême droite, les partis fascistes servent alors de repoussoirs auprès de la population. L’extrême droite a toujours été dangereuse surtout lorsqu’elle soutient un capitalisme pur et dur qui exploite l’homme par l’homme.

Les femmes doivent prendre toute la mesure des attaques de l’extrême droite et de la droite néolibérale contre leurs conditions de vie, de travail, leurs prestations sociales. La propagande de l’extrême droite désigne les ennemis extérieurs et intérieurs, les immigré-e-s, les réfugié-e-s, les sans papiers-res, les chômeurs-euses. Par sa politique du bouc émissaire utilisée comme moyen pour détourner l’opinion publique des véritables causes des régressions sociales, l’extrême droite et les néolibéraux démantèlent les conditions cadres de l’organisation du travail et ne provoquent que peur, insécurité, précarité, diminution salariale, perte des acquis sociaux, atteintes à la démocratie, au droit et à la sécurité du travail, privatisation ou disparition des services publics,…

Mise en place du modèle néolibéral

Depuis quelques dizaines d’années, les femmes sont confrontées non seulement aux partis et mouvements d’extrême droite mais surtout subissent de plein fouet les restructurations pratiquées par les gouvernements néolibéraux (Thatcher, Aznar, Berlusconi, Chirac…), les néoconservateurs des Etats-Unis (Reagan, Bush père et fils) mais aussi ceux de la social démocratie (Blair, Schröder, Mitterrand). Les répercussions sur les femmes sont catastrophiques : précarisation du travail notamment par les contrats à temps partiels imposés, les contrats à durée déterminée, le détricotage ou même la suppression de la sécurité sociale, la privatisation accélérée des services publics, etc.

De plus, on notait une très forte présence féminine au sein de ces services publics. Les secteurs des banques et des assurances étaient également des grands pourvoyeurs d’emplois féminins qui ont disparu notamment après l’introduction massive des nouvelles technologies (guichets automatiques, PC banking, etc.). La présence des femmes sur le marché du travail n’arrête pas de progresser mais elles connaissent un taux de chômage plus élevé que celui des hommes, elles subissent aussi des inégalités frappantes : écarts salariaux, des emplois à temps plein d’hommes ont été remplacés par des emplois à mi-temps de femmes avec des salaires plus bas.

Premières victimes : les femmes de l’Europe centrale et de l’Est

Après la montée du parti fasciste de Jorg Haider en Autriche, d’autres pays européens ont également connu l’arrivée des partis d’extrême droite, notamment dans les pays de l’Europe centrale et de l’Est comme la Tchéquie, la Hongrie, la Pologne, la Serbie, la Russie. En Pologne, le paysage politique est de plus en plus dominé par la droite conservatrice et les groupes politiques nationalistes. Un cas exemplaire de cette situation est l’interdiction de l’avortement et l’éviction des femmes polonaises des sphères politiques et des postes de décision.

Dans beaucoup de ces pays, l’église catholique et son idéologie traditionaliste jouent un rôle plus que néfaste contre les droits des femmes. Les thèmes de la liberté et l’éducation sexuelles, la santé des femmes, la contraception sont sous son emprise croissante.

Nous, femmes de l’Ouest, sommes aussi concernées et devrions nous baser sur l’expérience vécue par les milliers de femmes de l’Europe centrale et de l’Est. Lors du processus de transition politique et économique de leur société socialiste (même imparfaite selon certains-es) à celle du capitalisme, ce sont les femmes qui ont en premier perdu leur travail et ont été victimes d’exclusion. Ce changement a été accompagné par une grande insécurité y compris économique. Lors des privatisations des secteurs publics mais aussi des entreprises d’état, les femmes des pays ex-socialistes ont perdu beaucoup de leurs acquis. Les femmes avaient pourtant un haut niveau d’éducation, de formation et de participation sur le marché du travail bien qu’assumant un rôle traditionnel au sein de la famille.

Les migrations de ces pays se sont rapidement féminisées et des vagues de travailleuses migrantes sans aucun droit sont exploitées dans l’Europe de l’Ouest. De nombreuses femmes de ces pays sont victimes de l’industrie de la prostitution tant en Europe de l’Ouest que dans les pays du Golfe.

Actuellement, les femmes ont été plus fortement frappées par l’ajustement économique, par la diminution ou la disparition de l’accès aux équipements de prise en charge et de soins des enfants et des parents âgés. On avait pourtant promis aux peuples de ces ex-pays communistes une libération du communisme et une ouverture au progrès. Au contraire, le libéralisme sauvage n’a apporté dans ses bagages que détricotage des droits, des libertés, le retour en force du patriarcat et des formes d’exploitation les plus rétrogrades. Lors de cette transition, nos voisines des nouveaux Etats membres européens ont du se lancer dans la résistance aux lois liberticides anti-avortement comme en Pologne.

Productivité et hausses des profits pour les entreprises

Le gouvernement belge ayant bloqué les salaires, ils n’ont plus été augmentés depuis de nombreuses années afin de permettre la libre concurrence. Par contre, la productivité s’est fortement élevée, ce qui a créé d’énormes profits pour les entreprises. Ces profits n’ont pas été réinvestis mais ont été distribués aux actionnaires. Les instances financières estiment que les salaires trop élevés sont néfastes pour la compétitivité des entreprises au niveau mondial, oppriment fortement toute revendication salariale et menacent de délocaliser la production industrielle (cf. VW, Renault, Nike, Adidas, Moulinex, etc.) vers des pays où le salariat, essentiellement des femmes, est très mal rémunéré, à des niveaux proches de l’esclavage.

Par contre, des campagnes de publicité très chères poussent la population à consommer en abondance jusqu’à se ruiner la santé et tomber dans le surendettement illimité. De même, les travailleurs-ses connaissent un chômage accru, certaines couches de la population n’auront jamais un travail et seront définitivement exclues du marché du travail, l’arrivée d’une main-d’œuvre surexploitée constituée par les immigrés clandestins ou la mobilité des Européens des nouveaux pays Etats membres de l’Union Européenne faisant pression sur les éventuelles revendications des salariés européens, cette situation permet ainsi la création d’inégalités diverses : salariés/intérimaires/ salariés déclarés/travailleurs en noir, femmes/hommes, nationaux/immigrés,

Cette insécurité provoque des peurs, des rejets, un recours au nationalisme, au protectionnisme, au repli identitaire et au populisme. C’est ainsi que certains partis parlementaires de droite ont repris les discours extrémistes, simplistes et racistes des partis d’extrême droite comme par exemple le thème du danger ou du rejet de l’immigration mais aussi le nationalisme comme en Russie ou en ex-Yougoslavie qui l’a menée vers le conflit armé et les crimes de guerre.

Lorsqu’on évoque les femmes et la droite, on ne peut s’empêcher de penser à l’extrême droite conservatrice, garante des valeurs familiales et de l’église, des bonnes mœurs, des mouvements anti-avortement. Elle s’attaque en priorité à des problèmes "spécifiquement de femmes" : la famille où l’autorité morale et économique de l’homme est préservée, la reproduction, les mœurs, la continuation du patriarcat. En fait, cette droite extrême est utilisée comme "repoussoir" par une autre droite plutôt "économique", proche des néo conservateurs, des néolibéraux, des milieux des finances et de l’économie mondialisée. Cette droite dite moderniste et donc plus "fréquentable" et membres de nombreux gouvernements, pratique des coupes sombres dans les politiques sociales et de l’emploi, réduit drastiquement les dépenses sociales, saborde toutes les politiques en faveur d’une éventuelle égalité des chances entre hommes et femmes en prétextant que cela risquerait d’entraver la libre concurrence. De plus, elle prend souvent comme prétexte l’égalité des chances pour s’attaquer aux acquis des femmes.

La réforme des pensions en 1997 en est un exemple frappant. Le passage de l’âge de la pension de 60 à 65 ans a désavantagé lourdement les femmes et a provoqué une perte de 11% des montants des pensions féminines, déjà peu élevées.

Cette extrême droite néolibérale a également modifié la structure du marché du travail en privilégiant le secteur des services au détriment des emplois industriels. Depuis les années 1970-80, le secteur tertiaire a été fort féminisé. Les investissements en capitaux sont moindres, les salaires moins élevés, la flexibilité plus intense, les emplois à temps partiel plus nombreux. Ainsi, les conditions de travail des femmes se sont dégradées, leur taux de syndicalisation a été réduit tout comme leurs revendications salariales ou leurs luttes pour de meilleures conditions de travail. Beaucoup de femmes, avec charge d’une famille et d’enfants ou non, vivent de leurs seuls revenus et ne peuvent se payer le luxe de perdre leur travail. C’est sur cette base du travail précaire et mal payé des femmes mais aussi sur l’exploitation de millions de travailleurs-ses "sans papiers " et sans droit, que le système capitaliste a réalisé sa restructuration vers une économie globalisée qui engendre des bénéfices faramineux mais surtout des millions de laissez pour-compte tout en détruisant également la nature.

L’époque n’est pas favorable aux femmes et les répercussions de la mondialisation sur les femmes ont un impact négatif : chômage, pauvreté, politique du moindre coût de la main d’œuvre surtout féminine, sécurité sociale hyper légère pour ne pas dire quasi inexistante, etc.

Les masculinistes ou comment les hommes se mobilisent contre les femmes

Les masculinistes peuvent être classés en 3 catégories : les groupes de défense des droits des hommes, les groupes de thérapie de la masculinité et les groupes conservateurs proches de l’extrême droite religieuse. Leurs caractéristiques de base communes sont leur idéologie anti-féministe et leurs attaques contre l’avortement, l’émancipation des femmes, le paiement des pensions alimentaires, etc. Ces courants ont traversé l’Océan atlantique pour rejoindre l’Europe. Citons quelques noms d’associations : Entraide pères-enfants séparés, l’Après-rupture (dont un des responsables Gérard Lévesque décrit le féminisme comme un " apartheid raciste anti-mâle "), Groupe d’Entraide aux pères et de soutien à l’Enfant, Content d’être un gars (dirigé par Yves Pageau qui n’hésite pas à parler de l’infanticide que représente l’avortement après 4 mois de grossesse).

Le plus dangereux de ces groupes est bien entendu celui des conservateurs qui défendent la famille traditionnelle, le rôle dominant de l’église sur la vie sociale et politique (cf. Pologne), le statut naturel de l’homme pour l’autorité et la domination au sein de la famille. Pour ces hommes de droite, les féministes pratiquent un génocide par l’avortement qui est considéré comme un meurtre et appellent donc à une condamnation. Leurs actions souvent violentes devant les cliniques, les plannings familiaux ne passent pas inaperçues : groupes de prières, manifestations, lobbying, attaques physiques et harcèlement de toute sorte. Ces groupes sont hyper dangereux et se répandent rapidement. Femmes soyons vigilantes !


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