Samedi 27 octobre 2007 de 9h30 à 17h
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Qu’est-ce que la démocratie, demandait-on dans un récent Café politique d’AB1 ? Cette fois, il s’agit de s’interroger sur la démocratie participative durant toute une journée (voir document attaché). Une manière de poursuivre la réflexion.
Ce terme de démocratie participative est mis à toutes les sauces. Tous les hommes et partis politiques s’y réfèrent et le soutiennent, des anarchistes à l’extrême droite. La Commission est prête à s’y conformer. Mais il est évident que, derrière cette notion, se cachent des conceptions bien éloignées.
Pour certains, la démocratie participative se limite à faire participer la « société civile » officialisée, c’est-à-dire les ONG reconnues comme telles par les instances européennes. Mais est-ce cela une véritable démocratie ? D’autant que parmi les ONG, près de la moitié en réalité sont des associations ou des fédérations patronales. Accueillis à bras ouverts par la porte, ces lobbies se retrouvent près de la fenêtre, si jamais l’huis était refermé brutalement.
La démocratie est un problème important dans l’Union. N’est-ce pas Guy Verhofstadt, encore Premier ministre belge, qui avançait ces propos dignes d’un contestataire acharné : « Il existe un fossé béant entre l’Union européenne et ses citoyens, un fossé qui, depuis Maastricht, n’a en rien diminué. Tout comme, du reste, il existe souvent un fossé entre le citoyen et son gouvernement national. Quoi qu’il en soit, le citoyen se pose de plus (en plus) de questions au sujet de cette Europe opaque à qui il reproche son zèle réglementaire, ses compétences mal définies et son manque de légitimité démocratique » [1] ?
Un propos relayé par la Commission européenne elle-même, qui dans la brochure devant présenter et expliquer la défunte Constitution écrivait : « La méthode utilisée jusqu’ici pour réviser les traités a subi de nombreuses critiques. La construction européenne est l’affaire de tous les citoyens. Les étapes qui en marquent son développement ne peuvent plus être décidées lors de conférences intergouvernementales, tenues à huis clos, entre les seuls responsables des gouvernements des Etats membres » [2].
Ceci n’est pas sans incidence. En effet, les dirigeants européens veulent se doter d’une légitimité sans cesse accrue. Mais cela ne se peut s’ils sont contestés de l’intérieur. Le think tank Friends of Europe (Les Amis de l’Europe), regroupant une bonne partie de l’élite politique européenne, a publié un document devant préparer le débat sur le futur de l’Union. Rédigé par Robert Cox, ancien fonctionnaire européen, et Keith Richardson, qui a été de 1988 à 1998 le secrétaire général de l’ERT (cette association de 45 présidents des plus grandes multinationales européennes), celui-ci énonçait le besoin d’une plus grande démocratie au sein de l’Europe en des termes alarmistes : « L’Union européenne est en danger. (...) Que manque-t-il à l’Europe ? Il lui manque le soutien de son opinion publique. Malgré ses discours, l’Union européenne n’a jamais été une Europe des citoyens. Ce n’était peut-être pas important hier, mais ce l’est aujourd’hui parce que ses activités affectent de plus en plus la vie quotidienne de tout un chacun » [3].
Ce passage à la démocratie participative est donc loin d’être innocent. C’est pour cela qu’Attac vous convie à cette journée de débats et de discussions tout à fait particulière et gratuite.
[1] Guy Verhofstadt, « Quel avenir pour quelle Europe ? », Discours à l’occasion du 7ème Forum européen de la Wachau à Göttweig, 24 juin 2001.
[2] Commission européenne, Une Constitution pour l’Europe. Une présentation aux citoyens, 2004.
[3] Les Amis de l’Europe : “ Prélude au débat 2001-2004 : A quoi sert l’Union européenne ? ”, septembre 2001, p.8.