Le jeudi 15 mai à 21 heures 30,
le Cinéma d’Attac présente
«Dans
10 jours ou dans 10 ans»
de Gwenaël
BREËS
Un documentaire révolté sur les dessous
d’une saga révoltante :
comment le Quartier du Midi a été sciemment mis
à sac pour en chasser les habitants de condition modeste,
faire place nette aux promoteurs privés,
à l’immobilier «hors de prix»
et à une nouvelle catastrophe urbanistique...
Dès 20 heures 30,
L E G R A N
D D É B A T :
«Merci,
Charles Picqué… !»
avec notamment
Thomas DAWANCE (chercheur
en sociologie urbaine),
Benoît
EUGÈNE (Rédacteur en chef de la
revue Agone), et
Mathieu SONCK
(Secrétaire général
d’Inter-Environnement Bruxelles)
PAS DE
QUARTIER POUR BRUXELLES
C’est arrivé près de chez vous. En
1989.
Au printemps de cette année-là, Charles
Picqué se prononce en faveur du TGV à Bruxelles,
et affiche sa préférence pour
l’arrêt en gare du Midi. Dès cette
annonce, les prix de l’immobilier se mettent à
flamber dans toute la partie délaissée du bas
Saint-Gilles, et la spéculation à grande vitesse
aussi. Six mille habitants vont ainsi être pris en otages.
Des maisons qui ne trouvaient pas acquéreur pour 2,5
millions de francs voient leur prix s’envoler trois-quatre
fois plus haut. En 1991, un promoteur n’hésite pas
à proposer 16 millions pour un immeuble de 200 m²
–vendu 2 millions de francs quatre mois plus tôt.
Qui achète ?
PROMOTEURS PROMUS.
Une bande de promoteurs affairistes, toujours les mêmes,
toujours compromis au hit parade des combines, des dessous de table et
des passe-droits: les firmes CFE et Maurice Delens, la Compagnie
Immobilière de Belgique, les entreprises Van Rymenant et la
Société belge des bétons. En
deux-temps trois-mouvements, ces cinq-là ont fait main
basse, à travers leur consortium Espace Midi, sur une grosse
vingtaine d’immeubles de la rue Fonsny. Vingt immeubles ?
Attendez : en réalité, Espace Midi en
détient bien davantage, à travers
l’action de sociétés-écrans
et de prête-noms.
Des pratiques qui font grimper les prix encore plus vite
–d’autant que le consortium a signé un
pacte de collusion avec un autre groupe important, le
suédois Eurobalken qui détient
déjà l’îlot dit
«Côte d’Or» rue de France.
Telle est, complète et nominée, la ligue des
promoteurs promus –si on y ajoute les entreprises Louis De
Waele qui ont jeté leur dévolu sur 45 maisons
(dans le triangle «Mérode, Russie, Porte de
Hal»).
Trois années plus tard, en 1992, Charles Picqué
(bourgmestre empêché de Saint-Gilles et
ministre-Président de la Région bruxelloise)
évoque «un plan qui, pour réussir, doit
rester secret».
SOCIÉTÉ
LUCRATIVE. En fait, il s’agit de faire baisser
la valeur des immeubles où logent toujours des habitants
–en laissant littéralement
«pourrir» le quartier, y interdire les
rénovations, encourager la multiplication des maisons vides,
et créer une structure privée jouissant du
monopole de rachat au sein des îlots encore
convoités. A cette fin, la Région met sur pied
une société à but lucratif (la
Société anonyme Bruxelles-Midi) qui va racheter
au rabais les immeubles à leurs petits
propriétaires, puis en revendre les parcelles aux promoteurs
chargés d’édifier une série
d’hôtels «5 étoiles»
au luxe intempestif, et pas moins de 100.000 m² de bureaux.
Stratégie mise en œuvre par les
autorités publiques: annoncer, dès 1992,
l’extrême urgence, la menace de
l’expropriation imminente afin d’avoir les
habitants à l’usure et à des prix
ridiculement bas (parfois moins de 20.000 euros).
Pour s’opposer à ces abus de pouvoir
répétés, les habitants
écoeurés n’ont d’autres
recours que d’activer une longue et patiente
guérilla judiciaire… Dans un de ses
Arrêts daté du 7mars 2007, le juge de paix de
Saint-Gilles est d’ailleurs obligé de
reconnaître: «Le système mis en
œuvre ici est un modèle d’administration
malfaisante (sic)».
Plus fort. Le 31 mai 2007, dans un nouvel Arrêt incisif, la
Justice de Paix ira jusqu’à donner totalement
raison aux habitants encore sur place: la Région y est
jugée responsable de la dégradation du quartier,
le jugement évoque le harcèlement administratif
organisé afin d’acquérir des immeubles
à prix extorqués –à la suite
de quoi la Région est condamnée à
50.000 euros d’amende pour «atteinte aux droits de
l’Homme»…
CITYMARKETING.
Avec «Dans 10 jours ou dans 10 ans», le jeune et
talentueux Gwenaël Breës a donc réussi un
film généreux, souvent drôle, toujours
captivant –au brio accusateur. Un documentaire-choc
où –estomaqués– les
spectateurs comprennent enfin «Comment et pourquoi»
des édiles politiquement définies ont
accepté toutes les turpitudes pour contraindre des familles
décidées à ne pas se laisser faire et
défaire; «Comment et pourquoi» ces
édiles ont abandonné aux firmes
privées la profitable tâche de réaliser
des projets immobiliers pharaoniques, mis en vente sur le
marché mondial pour ne finalement trouver comme
acquéreurs… que les pouvoirs publics belges: la
SNCB, l’ONSS, le Ministère de la Justice, le
Service public fédéral de la Santé
publique. Aux frais de qui ? Mais des contribuables pardi.
Un film où vous allez enfin comprendre «Comment et
pourquoi» des quartiers ont été
sciemment mis à sac pour en chasser les habitants de
condition modeste –puisque, selon un jugement
prononcé en faveur du bourgmestre
empêché, ci-devant ministre-Président
de la Région, «la gare du Midi ne peut plus
être le terminus des migrants pauvres en quête de
Terre promise»…
Oui, tout se trouve montré et démontré
à travers une saga révoltante qui vous laissera
révolté.
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Jean
FLINKER
ARENBERG
(26 Galerie de la Reine)
Prix d’entrée
6,6 euros y compris pour le débat ( pour les Article 27 :
1,25 euro)
ATTAC-Bruxelles 1
16 avenue Nouvelle, 1040 Bruxelles
mail : bxl 1@attac.be —
http://bxl.attac.be — tél : 0494 / 808
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